mardi 25 octobre 2011

Fuite et suite(s)

Un errant
Vendredi soir, embouteillage sur la rocade rennaise. Le panneau lumineux d’un camion des Ponts et Chaussées prévient: «attention animal errant». Isidore, c’est toi? Dis, quand reviendras-tu – nous rassurer – en Beauséjour?

Photo © Gwénola Morizur, sur une idée autoritaire de Jacques Josse.

Une distraction
Écrire ce blog distrait, autrement dit offre la tentation d’une forme de fuite; distrait, donc, d’un chantier moins facile, celui que le résident s’était assigné avant son arrivée et qui, joyeusement, se proposait (se propose encore) d’interroger le phénomène de la mélancolie, du tædium vitæ, etc. (les synonymes et analogies ne manquent pas). Comme l’a joliment dit jeudi soir Hélène Lanscotte: «On veut, et puis après…» S’obliger, plutôt que s’obloger, non?

Une lecture inoubliable
Jeudi, Hélène Lanscotte en Beauséjour. Belle, très belle présentation, toute de justesse, de finesse, d’attention et de simplicité par Remy Jacquemin. Suit la lecture, par l’auteure, de ses textes, d’une qualité haute voix réellement exceptionnelle, gagnée par son expérience de comédienne-souffleuse, avec commentaires impeccables de justesse et d’à-propos. Attention parfaite du public qui ne manque pas un mot, ces mots, ces phrases si tendus, tenus, maîtrisés. Rien d’approximatif, tout est si-tellement écrit. Et puis, à suivre, cette intelligence d’échanges, ces convictions, cette générosité (que portent, singulièrement, ses rossignols souffleurs). De quelques phrases citées par Hélène Lanscotte, celles-ci: «Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter.» (Emil Cioran, dans Syllogismes de l’amertume); «La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles.» (Gustave Flaubert, mais je ne sais plus dans quel ouvrage, pardon!) Petite frustration toutefois: ses auditeurs en auraient volontiers redemandé, oui, la plupart a trouvé cette lecture un peu brève, mais l’on peut deviner qu’Hélène Lanscotte, saisie par ce qu’elle appelle «la conscience vacillante des timides» l’a, d’elle-même, quelque peu écourtée.

Une habitude et une crainte beauséjourniennes
Impossible, pour ma pomme, de mettre des épluchures (je me répète un tantinet) dans une poubelle. Avec la permission de Lionel Moal, écrivain-jardinier comme Joël Bastard, Jean-Pascal Dubost, Louis Dubost, Eugène Savitzkaya, Lucien Suel et consorts, je dépose désormais celles-là sur le tas d’herbe coupée du jardin. Mais je n’y vais qu’avec une certaine crainte: Hélène Lanscotte n’écrit-elle pas dans Simplement descendu d’un étage (et c’est bien le cas, pour le résident d’ici qui vient de sa kitchenette): «Bientôt, je la vis en songe enfouie dans le compost»?



Une jérémiade
Le résident, certains jours, ne sait plus où il habite. Il a divisé ses affaires entre son domicile habituel (sinon fixe) et la villa qui l’accueille. S’il est ici, il a évidemment besoin, à un moment donné, de ce qui est là(-bas), s’est est là(-bas), ce qu’il convoite n’y est point: notes, brouillons, dictionnaire, tee-shirt MerdRe (Ubu, médiathèque de Laval, merci encore Olivier), agrafeuse, œuvres de Pascal Quignard, rasoir, etc. Sinécure? Pas une! Vilain geignard...

Une (autre) citation
Inutile de tenter de dire tout le bien (déjà un misérable euphémisme) que je pense du livre (pas d’épithètes ici, ce ne pourrait être qu’à-peu près, trop, pas assez, mal dit… pauvres mots) de Ludovic Degroote Le Début des pieds. Juste, alors, une citation, qui dit tant, et si simplement, et si justement:
«58 % des français se plaignent de la poésie contemporaine, leurs attentes ne sont pas satisfaites, ils pensaient que ce serait autre chose, ils ont déjà tant de mal, c’est inutile d’en rajouter, ils croient qu’on le fait exprès».

Une question
Quel est le prénom de cette berline sportive italienne construite entre 1962 et 1977 à Arese, l’une des plus rapides et plus sûres de l’époque, au style considéré comme «très simple»?


Photo © UMP (Union de la  Muette Parturition)