mardi 8 novembre 2011

Frédéric, Francis, Pierre, Franck, Aurélie, Guy, Agnès, Philippe, Erwan et les autres…

Une reredite
«C’est un journal dans n’importe quel ordre. C’est un journal pas forcément intime. C’est un journal sans temps véritable, qui n’enregistre pas, ou enregistre mal, ne prend pas date. Ce n’est pas un journal.» Voilà ce qu’écrit, dans ses formidabbbes (comme d’habbb’) Comment(s), Frédéric Forte, invité (avec l’accordiniste Francis Jauvain) de la lecture Carte blanche à la péniche-spectacle L’Arbre d’eau de Rennes-sur-Vilaine (jeudi 17 novembre, 19h30, 30 quai Saint-Cyr – 02 99 59 35 38 www.penichespectacle.com ). Ici, blog, pas journal, vraiment, mais un certain «temps véritable»: celui de l’anachronologie ou de la contre-chronologie: oui, principe obligé de ce truc internautique, le temps va à rebours, sinon de lui-même, tout au moins de l’écriture. Si, donc, l’on préfère prendre connaissance des événements dans l’ordre où ils ont été rédigés et mis en ligne, on doit alors lire en commençant par la fin, autrement dit en prenant l’ascenseur avec sa souris (ce qui me rappelle ce souvenir – vécu:)
«La dame à froufrous sent le pet et le Shalimar. Nul doute que ces effluves contraires livrant désespérément bataille émanent d’elle: nous sommes seuls depuis une minute trente dans l’ascenseur de cette tour de vingt-neuf étages, et je n’ai, présentement, rien à me reprocher.» – publié dans Inoubliables et sans nom, L’Amourier).

Un couple d’humoristes peut en cacher un autre
Qui peut prétendre qu’il n’y a plus de (bons) humoristes (et davantage que ça) depuis Coluche et Desproges? Certes, Coluche («L’intelligence, on croit toujours en avoir assez, vu que c’est avec ça qu’on juge» – à vérifier quant à la formulation exacte, merci à qui sait avec certitude et source et preuve à l’appui!) & Desproges («Prenant son courage à deux mains et sa Winchester dans l’autre»), voui-voui... Mais les bien vivants Fellag, ou Franck Lepage, hein? De ce dernier, un lien qui n’est pas sans rapport, me semble-t-il, avec les époustouflants Bristols que Frédéric Forte nous jouera sur la péniche.
http://www.youtube.com/watch?v=oNJo-E4MEk8 Mais faites vite, cette vidéo commence à être supprimée de la toile pour une sombre question d’«atteinte aux droits d’auteurs».

Un potage
Pour saluer (la duchesse) Aurélie Nemours (née à Paris et non en Seine-et-Marne), une soupe d’automne: le potage Nemours. Purée de pommes de terre mouillée au consommé, liée à la crème et au jaune d’œuf, et à laquelle on ajoute du tapioca. À préparer chez soi puis à déguster à la nuit tombante entre les colonnes de granite de son formidable Alignement du XXIe siècle. Quant à la recette du curry dédiée à Pierre Notte, on pourra, qu’on accepte ici cette correction de ma fille Hélène Licette Céline, avantageusement remplacer les 2 pots de yaourt bulgare par une jolie dose de lait de coco (filons à Bélasie, direction Saint-Grégoire).


Une paix armée
Tolstoï (Léon, voire Alexis Konstantinovitch) aurait-il apprécié, ri, pleuré ? La toute neuve (début novembre 2011, entre jour des Défunts et Armistice) photo ci-dessous n’est ni un montage, ni une mise en scène: instantané saisi sur la table basse de la chambre d’un garçon de neuf ans (et demi); curieux de tout et de son contraire, comme sont tous les enfants.


Un vol Valéry
Le résident sortit à cinq heures et prit la marquise, en photo, taraudé par la question de savoir si le topique du roman balzacien, plaisanté par Paul Valéry, a définitivement fait long feu (relire, donc, Le Manifeste du surréalisme, 1924).


Un trésor
Ah ce beau livre, trouvé au hasard sans hasard des rayonnages du Centre de ressources, pardon, de la bibliothèque de Beauséjour: Les Charpentières de Guy Bellay. Ami de René Char, Georges Mounin, Georges L. Godeau et autres Daniel Biga; Guy Bellay, nantais, est un poète aussi exceptionnel que discret – et économe. À Bécherel, pendant les vacances scolaires, j’ai déniché un numéro (12, juillet 1970, 1 franc, vendu d’occasion 2,50 euros en 2011, à vos calculatrices…) de Poésie 1 dans lequel l’auteur de Les Curieux ne me verront pas voisine avec le trop oublié Gabriel Cousin ou l’ami Pierre Tilman. Neuf poèmes de Guy Bellay, alors inédits y sont recueillis. Livre (du dé bleu, 2002) en main, nous pouvons vérifier que tous ces inédits ne le sont pas restés, merci Louis Dubost. Inutile donc d’en recopier ici; juste, alors, en partage, quelques phrases (ou bribes de) lues, entendues et recopiées, de cet instituteur – en retraite – («Parmi des enfants, je gagne ma vie…»):
«Ce n’est pas écrire qui est désespérant, c’est le vide entre deux émotions.»
«La solitude, comme une loupe, concentre un feu.»
«La petite planche du salut personnel.»
«Je n’écris pas sur des souffrances inventées.»
«Je ne rends des comptes à personne pour des B.A. littéraires.»
«[...] la poésie est une chose grave.»
«Je t’ai vu l’autre soir à la télévision et je t’ai plaint.»
«Pardonne-moi de parler de toi / devant tout le monde / et pour tout le monde.»
«Le métier tous les jours, c’est la pilule anticonceptionnelle quotidienne.»
«Ce qu’il y a de bien sous les arbres, c’est que, lorsqu’il pleut, on y est à l’abri, et lorsqu’il ne pleut plus, il pleut encore.»
«Le péjoratif est une tonalité du meurtre.»
«Être cousu avec des nerfs de chat ne justifie pas sa colère.»
«Je n’ai pas envie que l’humanité bêle avec moi. Si je bêle.»
«Quand on m’aura ôté les trente-deux dents, si le mal persiste, il faudra chercher ailleurs.»
Question super-banco, ou Guichet du savoir: Que sont des charpentières – mot ne figurant pas, ô honte, dans Le Petit Robert.

Un lien éthique
Recommandé par la formidablemagnifique marionnettistelectrice et pas-que Agnès Oudot (citons): «Qui a dit qu’on ne pouvait pas à la fois recevoir ses livres à la maison et en même temps contribuer à la (sur)vie des vraies librairies...? 1001libraires.com, la contre-offensive des libraires indépendants, est en ligne depuis mars 2011. Vous le saviez, vous? Moi non.
Alors, si vous êtes loin d’un bon libraire, ou que vous êtes parfois très paresseux, ou que vous ne trouvez plus vos clés pour sortir de chez vous, ou ou ou... cliquez là:
http://www.1001libraires.com/ Ce site est un réseau de libraires indépendants qui expédient les livres, eux aussi! Si vous connaissiez tant mieux, si vous ne connaissiez pas, your turn!
Des bises et des pages.

Un ajout
Pour acquérir des livres épuisés, ou dits d’occasion, un site non de requins internautiques, mais de vrais bouquinistes: http://www.livre-rare-book.com/

Une mauvaise nouvelle
Lu dimanche dernier (évidemment!) dans les chères Notules dominicales de culture domestique du cher Philippe Didion: «Vie notulienne. Le site des notules a vécu. Enfin, il existe toujours mais ne sera plus alimenté, les services extérieurs qui s’occupaient de la mise en ligne, Yves Lambert pour ne pas le nommer une première et dernière fois, m’ayant fait part cette semaine de leur désir de s’en éloigner pour s’occuper d’autre chose. Requête on ne peut plus justifiée au bout de dix ans de bons et loyaux services, on imagine en plus, même s’ils sont pudiquement tus, la lassitude et l’ennui. C’était un site voulu, créé, géré et entretenu par une personne de bonne volonté, je n’ai ni la légitimité ni la compétence pour le continuer. Il va désormais s’enfoncer paisiblement dans les fosses à bitume d’Internet, c’est son lot. Il aura été un important vecteur de l’extension du domaine notulien, et la notulie rassemblée, unanime, tire son chapeau au travailleur de l’ombre pour l’ensemble de son œuvre. Exeat. Maintenant, les notules n’existeront plus que par la cérémonie artisanale du dimanche midi: c’était leur statut au départ, peut-être davantage adapté à leur réelle envergure. Les notuliens se gagneront par le bouche à oreille ou, plus sûrement, s’éloigneront petit à petit. Retenons nos larmes, c’est tout de même beaucoup moins important que le SAS - Niort de dimanche à la Colombière. Je ressens d’ailleurs, à l’annonce de ce changement, un immense soulagement. Ce doit être le côté, christique, messianique, rédempteur ou je ne sais quoi que je trimballe à mon insu: quand j’enlève un poids à quelqu’un, c’est moi qui me sens plus léger. Après réflexion, c’est plus vraisemblablement mon côté bon couillon.» Avant qu’il ne disparaisse, vous pouvez encore sans doute foncer vous inscrire sur son site pour continuer à recevoir ses courriels niouselettrés du Jour du Seigneur. http://pdidion.free.fr/

Une bonne nouvelle
Dimanche, Centre Baptiste-Marcet, à Bouguenais, Loire-Atlantique. Mes jeunes enfants, la veille, ont (enthousiastes et enthousiasmés) fait un stage musical avec Erwan Lhermenier, jeune musicien breton éclatant de bonne humeur, de joie de vivre, de talent, d’espièglerie et d’invention. Avec Daniel Berthelot, il donne donc un concert dominical dans la programmation du Nouveau Pavillon, scène de musiques traditionnelles soutenue par la Ville de Bouguenais. «Musique verte» disent ces compères; car ils jouent, en plus de clarinette basse et marimba, de la feuille de lierre, du jonc des marais, du sureau, de l’écorce ou du trognon de chou. Avec créations vidéo de Guénolé Diguet à l’appui, traitements sonores assistés par ordinateur et environnement plastique moins plastoche que landartistique. Magique, tant pour les petits que pour les grands. Souriant, drôle, roboratif... et bougrement virtuose ès bricolages réjouissants pour les cinq sens (oui, même l’odorat, ça sent le sous-bois, le pré, le marais...) On imagine fort bien associer ces musiques de la nature à des textes, des poètes lisant dans cette belle compagnie. Et comme notre Erwan semble prêt à tout, on ira peut-être le lui proposer... Le spectacle s’intitule Sources, par ((( l’ ECHO SystM ))) :