jeudi 17 novembre 2011

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Un honoré par Rennes 
Nous avons parlé, ci-avant, soit donc ci-dessous, blog oblige, de Thiers (Adolphe) et d’Alexis Carrel, chacun honoré par la bonne ville de Rennes (et de gauche) d’une voie publique. Mais comment oublier Paul Bert (dont la rue est parallèle à l’avenue Aristide-Briand, pas le même genre de bonhomme!). De ce physiologiste et ministre et pédagogue, qu’il ne semble guère utile de présenter plus avant (dictionnaires, manuels – les siens propres, scolaires – et encyclopédies vous en diront plus que le résident ne saurait le faire ici), ces deux citations qui semblent plutôt révélatrices du joli personnage:
« Les Nègres ont la peau noire, les cheveux frisés comme de la laine, les mâchoires en avant, le nez épaté ; ils sont bien moins intelligents que les Chinois, et surtout que les Blancs [...]. Il faut bien voir que les Blancs étant plus intelligents, plus travailleurs, plus courageux que les autres, ont envahi le monde entier et menacent de détruire ou de subjuguer toutes les races inférieures. Et il y a de ces hommes qui sont vraiment inférieurs. Ainsi l’Australie est peuplée par des hommes de petite taille, à peau noirâtre, à cheveux noirs et droits, à tête très petite, qui vivent en petits groupes, n’ont ni culture ni animaux domestiques (sauf une espèce de chien), et sont fort peu intelligents. »
« Les Nègres, peu intelligents, n’ont jamais bâti que des huttes parfois réunies en assez grand nombre pour faire une ville ; ils n’ont point d’industries ; la culture de la terre est chez eux au maximum de simplicité. Ce ne sont pas cependant les derniers des hommes. Il faut mettre après eux, comme intelligence, les petites races d’hommes qui habitent les régions les plus inaccessibles de l’Afrique [...]. Bien au-dessus du Nègre, nous élèverons l’homme à la peau jaunâtre [...]. Il a fondé de grands empires, créé une civilisation fort avancée [...].mais tout cela semble de nos jours tombé en décadence [...]. Mais la race intelligente entre toutes, celle qui envahit et tend à détruire ou à subjuguer les autres, c’est celle à laquelle nous appartenons, c’est la race blanche. »
Citations que nous dédierons ici à nos chers Kossi Efoui, Koffi Kwahulé, Chéri Samba, Marcel Zang, etc., à l’association Coup de Pouce (Ouagadougou), etc.


Un texte, un récit, un poème, un dialogue, une pièce de théâtre?
Qu’est-ce que la poésie? Qu’est-ce que le théâtre? Réponse de Patrick Dubost: «Le théâtre est à la poésie ce que ma mère est à ma belle-mère.» Dont acte. Et le récit, et le roman, et la nouvelle, quoi, quoi, quoi? Lisant Comédie du suicide de Jean-Claude Leroy, et, très précisément, le deuxième texte du recueil éponyme, récit épistolaire peut-on – peut-être – dire (mais, bien sûr, au diable les étiquettes), une forme d’évidence (m’)apparaît : c’est sur une scène, porté par des (deux?) comédiens, qu’on imagine ce texte donné, adressé. Mais les théâtreux, trop souvent (certes pas tous-tous, le résident pense, par exemple, et amicalement, à Claudine Merceron), restent cantonnés, figés, coincés, arrêtés sur des écritures officiellement et corporastistement labellisées théâtre (par les éditeurs et autres gens de…) quand, profonde et mienne et obsessionnelle conviction, les frontières entre les genres dits littéraires se révèlent beaucoup plus floues, ténues, cela salutairement – sinon universellement. Eh bien voilà, curieux acteurs piétineurs scéniques, amis comédiens, amis metteurs en scène, lisez donc ce texte saisissant et imaginez-le, oui, portez-le sur les planches. Il y trouvera, pensé-je, toute sa force, qui n’est pas menue… C’est aux Éditions Cénomane, c’est tout neuf. C’est pas d’l’Éric-Amélie Museau d’rentrée littéraire

Une proposition de nouveaux baptêmes
La part des poètes et autres écrivains auxquels la ville de Rennes a dédié ses places, mails, squares, impasses, boulevards et autres avenues est-elle moindre que celle des autres (françaises) communes? Pour le savoir, il faudrait mener une savante et sérieuse et statistique étude. Reste que nous osons dire ici (avec quelle irresponsable provocation!) que la rue Paul-Bert gagnerait (moralement, oui, moralement! si cela peut exister en politique, en courage politique…) à être rebaptisée au bénéfice de James Baldwin, Richard Wright, Chester Himes, Amadou Hampâté Bâ, Léopold Sédar Senghor, Aimé-Césaire, etc., etc., exemples trop limités parmi une multitude d’autres (disparus).

Une abondance nuirait-elle?
«Longtemps, longtemps, longtemps / Après que les poètes ont disparu / Leurs chansons courent encore dans les rues» (eh, c’est qu’il n’oubliait pas que l’indicatif, et non le subjonctif, doit suivre la locution après que, notre Charles Trénet!)… La Ville de Rennes est-elle bien, suffisamment, dotée en noms de poètes quant à ses voies et monuments publics? Mieux ou moins bien que Paris, Nantes, Marseille, Strasbourg, Bordeaux, Lyon, Chantemerle-sur-la-Soie ou Saint-Sauveur-du-Givre-en-Mai? Mieux, certes (eh, ça devient une obsession!), qu’Alexis Carrel, Paul Bert ou Adolphe Thiers, la ville où fut enfin entendu le capitaine Dreyfus, ville ainsi louée dès 1728 par le maire de… Nantes, Gérard Mellier, évoquant ce «pays de lettres, [tandis] qu’à Nantes […] l’on ne respire que le commerce», ne pourrait-elle honorer (dans le désordre, ici, foin des hiérarchies, chronologies, nationalités et… races) post mortem Blaise Cendrars, François Villon, William Faulkner, Jean-Luc Raharimanana, Samuel Beckett, Octavio Paz, Federico Garcia Lorca, Marie-Madeleine de La Fayette, Jacques Audiberti, Roger Vitrac, Alexandre Vialatte, Paschal Grousset, Boris Vian, Mahmoud Darwich, Henriette Robitaillie dite aussi Cécile Romancère (Rennaise), Florentine Monier dite Madeleine Desroseaux (Rennaise), Yvonne et André Meynier (Rennais), Alexandre Bertrand (Rennais), Jean Bona (Rennais), Henri Poisson (Rennais), William Shakespeare, Jacques Vaché, Edgar Allan Poe, Théophile Gautier, Vicente Huidobro, Guy de Maupassant, Viçvanâtha Karvirâja, René Daumal, Czeslaw Milosz, Oskar Wladyslaw de Lubicz Milosz, Romain Rolland, Jean Follain, Paul Celan, Charles Cros, André Laude, Guillaume du Bartas, Joris-Karl Huysmans, Antonio Machado, François de Maynard, Joseph Brodsky, Joë Bousquet, Tristan Tzara, Jean Lescure, René Crevel, Charles-Ferdinand Ramuz, Roger Judrin, Henri Pichette, Benjamin Péret, Pierre Peuchmaurd, Ghérasim Luca, Max Aub, Percy Bysshe Shelley, Pierre Albert-Birot, Roger Gilbert-Lecomte, Henri Meschonnic, Anna Akhmatova, Richard Brautigan, Yves Martin, Charles Bukowski, Jean Malrieu, Raymond Carver, André Frénaud, E.E. Cummings, Julien Gracq, Walt Whitman, Jorge Luis Borges, Georges L. Godeau, Vladimir Holan, Pierre-Jean Jouve, Jean de La Fontaine, Roger Munier, Géo Norge, Cesare Pavese, Georges Perros, Kathleen Raine, Jacques Prével, Jacques Prévert, Umberto Saba, William Carlos Williams, Sapho, Eugène Guillevic, Jean Rousselot, René Char, Anjela Duval, Camillo Sbarbaro, Jules Supervielle, Henri Michaux, Adèle Robinson, Marc Monchoix, André Beucler, Paul Éluard, Saint-John Perse, Wallace Stevens, Jules Mougins, Jean Tardieu, Guillaume Apollinaire, Jean Antoine De Baïf, André Breton, Charles d’Orléans, Georges Haldas, Edgar Lee Masters, William Burroughs, Mario Rigoni Stern, Thierry Metz, Jack Kerouac, Nikos Kavvadias, Joachim du Bellay, Jean Genet, Clément Marot, Louise Labé, Stéphane Mallarmé, Stendhal, Valery Larbaud, Emily Dickinson, Maurice Fombeure, Giacomo Leopardi, Sylvia Plath, Francis Ponge, Paul-Jean Toulet, Robert Desnos, Marcel Proust, Antonin Artaud, Pierre Reverdy, Roberto Juarroz, Lautréamont, Malcolm de Chazal, Jean-Paul Dadelsen, Raymond Queneau, Attila József, Roberto Arlt, Bruno Schulz, Marie Noël, Georges Perec, Vladimir Maïakovski, Nathalie Sarraute, Pierre Lartigue, Martine Drai, Jules Renard, Charles-Albert Cingria, Ted Hughes, Léon-Paul Fargue, Hermann Melville?
Vous voyez qu’on a des idées, voire des propositions, Madame la Mairie. Trop? Abondance de poètes nuirait-elle? You would prefer not to…

Une balade vers un avenir commun
Force est de concéder que la perpétuité n’est nulle part acquise, pas même dans les cimetières. Petite visite, errante, et pourquoi pas méditative, au cimetière du Nord (l’humoriste n’y résisterait pas: Cimetière du Mort, ah! ah!). À terre, ceci:


Une lecture, hors scène
En v’là un, encore, d’écrivain théâtre sans théâtre. Conforté par des prix, médailles, récompenses, résidences, n’empêche… Jacques-François Piquet donnait tout récemment à la médiathèque Hermeland de Saint-Herblain-Haute-Bretagne, une lecture de sa pièce La Cité funambule. Soigneusement préparée, admirablement présentée, excellemment lue, brillamment commentée. Chapeau l’artiste – humble! Si éditée (par le si gentil et passionné Jean-Pierre Escarfaille) à l’enseigne du Bruit des autres, ce texte bien que dûment et souventement remarqué, n’a jamais été créé sur scène. On ne regrette pas, on enrage.

Une bicyclette et des jardins



Moins volontairement que contraint, le résident, plutôt dénué du sens de l’orientation, a fait une bonne trentaine de kilomètres sur le RoazhonMaiPoVélo huilé et regonflé à neuf. Centre ville pour commencer avec quelques livres brocantés et un verre de chénas place Sainte-Anne, puis jardins ouvriers des prairies Saint-Martin et canal d’Ille-et-Rance-et-Vilaine jusque très loin… puisqu’il croyait se rapprocher d’Armand (Rébillon) et qu’il s’en éloignait… Histoire de découvrir, ne figurant point sur le plan IGN de la ville, le square Séverine (Caroline Rémy, dite Séverine et également Arthur Vingtras, journaliste et poétesse libertaire, amie de Jules Vallès, née le 27 avril 1855 et décédée le 24 avril 1929): enfin une voie publique digne de la couleur (politique) de la ville de Rennes dont on attend qu’elle débaptise déjà et illico avec courage, comme Nantes (et bien d’autres) le fit, ses ignominieuses voies Thiers et Alexis-Carrel. Prochaine étape pèlerine, la rue de l’Abbé-Lemire, fondateur des jardins ouvriers si cher au poète ami Lucien Suel (auteur de La Justification de l’abbé Lemire) et à Ivar Ch’Vavar, animateur avec ses camarades de l’inoubliable revue poétique Le Jardin ouvrier. Pour l’anecdote, le vicomte et châtelain Gilles de Robien, maire droito-centriste bouté d’Amiens, avait débaptisé les jardins ouvriers en jardins familiaux (terme cher au travailleur et patriote Philippe Pétain), … quand bien même l’abbé, eh, quel abbé!, plaida avec conviction contre la peine de mort et contre cent injustices sociales… Y’a des gens bien, non? Pas tous? «MerdRe!» Se serait écrié un ancien élève de M. Hébert au lycée de Rennes.


Une devinette
«L’autre», il culminait à 1m55 (du haut de son mètre 64, un centimètre au-dessus de notre provisoire président, mais sans talons compensés, le résident en chaussons se hausse du col, et davantage…), on le dit «nabot», «oracle avorton», « gnome assoiffé de sang ouvrier », « fourbe », « fanfaron », « parjure », « traître », « fripouille politique », « fusilleur », « croque-mort de la nation », « boucher », « immoral », « Mirabeau-Mouche », « Sylla français », « étroniforme bourgeois », « vieux melon diplomatique », « croûtard abject », « triomphant imbécile », « doreur de pilule », « parricide », « Mirabeau-Mouche », « Monsieur Semaine sanglante », « bourgeois cruel et borné » (toutes citations avérées); il était, par surcroît, jugé présomptueux, opportuniste, conservateur (napoléonien, puis… républicain!), dispendieux, vénal, voleur (de fonds secrets et caisses noires), volage, ingrat, fat, cruel, vantard, tribun, avide de gloire et de fortune, etc. et plus de deux cents communes (couardes?) de France, parfois même « de gauche » (Angers, Rennes, etc.) dédient encore son nom à certaines de leurs voies publiques. C’est une devinette: c’est qui?